Quatre jours après les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre samedi 25 mars à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), la justice est désormais saisie afin de déterminer les circonstances dans lesquelles les deux manifestants présents lors de la journée de mobilisation ont été blessés avant de tomber dans le coma. Contacté, le procureur de Rennes, Philippe Astruc, indique au Monde que le parquet de Niort s’est dessaisi mardi 28 mars dans l’après-midi de deux procédures en cours au profit du parquet spécialisé dans les affaires militaires de Rennes. Ce sont des gendarmes mobiles – donc des militaires – qui pourraient être mis en cause.
Les deux enquêtes concernant les deux hommes actuellement dans le coma n’ont pas été jointes à ce stade « l’étiologie des blessures n’étant pas établie », selon le parquet de Rennes qui précise au Monde que « les investigations ont été confiées à l’Inspection générale de la gendarmerie nationale sous les qualifications de violences (avec incapacité totale de travail supérieure à huit jours) par personne dépositaire de l’autorité publique et de non-assistance à personne en péril (pour l’un d’eux) ». Elles devraient se concentrer notamment sur l’établissement précis et détaillé de la matérialité des faits. Il conviendra d’établir où se situaient les victimes au moment des affrontements ; à quel moment elles ont été blessées ; l’origine des blessures (projectile, grenade, etc.) ; comment se sont déroulées les opérations de maintien de l’ordre.
« Entrave aux secours »
Par ailleurs, la famille de S., l’un des deux manifestants actuellement dans le coma a déposé plainte, lundi soir, auprès du parquet de Niort pour « tentative de meurtre » et « entrave aux secours », a-t-on appris de l’avocate des parents, confirmant une information de France Inter. La plainte a été jointe à la procédure menée désormais à Rennes.
A la suite des événements de samedi, Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, a annoncé mardi 28 mars, engager la dissolution du collectif Les Soulèvements de la Terre, l’un des organisateurs des cortèges contre les mégabassines. Le ministre a notamment déploré des « événements inqualifiables », rappelant que la manifestation avait été interdite par la préfecture. M. Darmanin a insisté sur « l’extrême violence de groupuscules fichés par les services de renseignement parfois depuis de très nombreuses années, comme le groupement de fait Les Soulèvements de la Terre ».