Cup d’État au Gabon : la classe politique française interpelle l’exécutif
François Hollande, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon... plusieurs figures de l’opposition ont ciblé Emmanuel Macron et le gouvernement alors que des militaires ont pris le pouvoir dans ce pays de l’Afrique francophone.
Cette même classe politique qui n’a pas tardé à interpeller le gouvernement, alors qu’il s’agit là du cinquième coup d’État en trois ans. «Il n’y a pas eu de réaction suffisante, y compris de la France d’ailleurs, mais de la communauté internationale (...), lors du premier coup d’État au Mali», a d’emblée critiqué François Hollande, invité sur France Info. L’ancien chef d’État socialiste, à l’origine de l’intervention militaire française au Mali pour chasser les djihadistes du nord du pays, n’a pas hésité à cibler Emmanuel Macron, lui reprochant «une forme d’acceptation des coups de force». «Les militaires se sont enhardis.»
L’ex-président a également évoqué de possibles «influences étrangères» venues de Russie ou de Chine, pour «déstabiliser ces pays et réduire l’influence occidentale». Avant d’évoquer un «sentiment anti-Français» qui s’étend notamment au Sahel, et auquel il faut «répondre». Mais pas sous la forme d’une intervention militaire - «ce que nous devons faire, c’est dire aux Africains, notamment de l’ouest, que c’est à eux de faire en sorte que des coups d’État ne puissent pas rester impuniCoup d'État au Gabon: que reprochent les militaires au président Ali Bongo ?
«Les Africains tournent la page»
Jean-Luc Mélenchon a lui aussi pointé du doigt le président français, pour souligner qu’«aucune alerte n’a été entendue». Le chef de file des Insoumis a en revanche estimé que le Gabon s’était désormais «débarrassé de sa marionnette présidentielle», tout en déplorant que cela se soit fait «par une intervention de ses militaires». «Macron aura, encore une fois, compromis la France dans un soutien jusqu’au bout à l’insupportable», a-t-il condamné. Et d’ajouter : «Les Africains tournent la page.»
Marine Le Pen s’est de son côté livrée à série d’interrogations, destinées à la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna. «Pourriez-vous nous préciser quelle est la doctrine de la France dans ses relations avec ce pays historiquement ami ?», a notamment formulé la triple candidate à la présidentielle. La questionnant également sur les «mesures concrètes et urgentes» de protection des ressortissants, la reconnaissance par la France de «la validité de cette élection» ou encore l’existence d’un «accord qui engage notre pays à intervenir en soutien du gouvernement gabonais». «Il est impératif de réorienter la politique africaine de la France vers une coopération respectueuse des peuples et des souverainetés dans l'intérêt de nos continents respectifs», en a conclu l’élue du RN.
La ministre n’a pas encore donné suite, tandis qu’Emmanuel Macron et la première ministre se livrent pour l’heure à une après-midi de travail avec les chefs d’opposition. Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a toutefois affirmé que «la France condamne le coup d’État militaire qui est en cours au Gabon», et «surveille avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation sur place, et réaffirme son souhait que le résultat de l’élection lorsqu’il sera connu puisse être respecté». «Nous rappelons notre attachement à des processus électoraux libres et transparents», a-t-il précisé auprès de l’AFP.