Un nouveau cas de «cancel culture» ? Ce mercredi 6 décembre, une rencontre publique intitulée «Contre l’antisémitisme, son instrumentalisation et pour la paix révolutionnaire en Palestine» devait se tenir au Cirque électrique à Paris, en présence de Judith Butler, philosophe américaine à la renommée mondiale. L’événement a été annulé sur décision de la mairie de Paris, apprend-on dans un communiqué publié sur X par les associations organisatrices l’Union juive française pour la paix, Tsedek !, un «collectif juif décolonial», le NPA, Révolution permanente, l’Action antifasciste Paris Banlieue et Paroles d’honneur, qui partagent leur «colère et consternation».
«La mairie de Paris justifie cette demande d’annulation sous prétexte de possibles “troubles à l’ordre public”», regrettent les co-organisateurs, alors que Judith Butler, en ce moment dans la capitale française pour honorer une série de conférences au Centre Pompidou, était censée intervenir au nom de la Jewish Voice for Peace, une importante association juive antisioniste et solidaire de la cause palestinienne aux Etats-Unis. Un message d’Angela Davis, philosophe et figure de l’antiracisme outre-Atlantique, devait également être diffusé.
«Valeurs cardinales»
Contactée par Libération, la ville de Paris rappelle que «la lutte contre l’antisémitisme et le racisme, contre les inégalités femmes-hommes et contre l’homophobie font partie des valeurs cardinales sur lesquelles repose l’action de la Ville de Paris et que la Ville demande à toute organisation avec laquelle elle a des relations contractuelles de respecter». Or, poursuit la mairie, «lors du débat du 6 décembre, le risque est majeur que des propos qui contreviennent à ces principes non négociables soient tenus. Par ailleurs, les polémiques inévitables qui s’ensuivront seront de nature à troubler l’ordre public d’une manière qui est incompatible avec l’affectation normale du bien du domaine public dont le Cirque Electrique est affectataire».