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Su Liberation appello di intellettuali e professori: Niger, bisogna impedire lo scenario catastrofico di una guerra


marcopa
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TRIBUNE

Niger : il faut empêcher le scénario catastrophique d’une guerre

 
 

La menace d’action militaire de la Cédéao, dont l’ultimatum expire ce dimanche 6 août, n’a pas fait frémir les putschistes. L’hypothèse d’un conflit militaire est encore évitable, estiment des spécialistes de la région : pour cela, il faut prendre les militaires au mot de leur volonté réformiste, dans un dialogue entre les forces politiques et sociales.

Une délégation de la Cédéao a quitté Niamey jeudi 3 août sans être parvenue visiblement à ouvrir un dialogue constructif avec les hommes qui ont renversé (et détiennent toujours prisonnier) le président Bazoum et certains de ses proches depuis le 26 juillet.

Cette délégation était venue à Niamey précédée de multiples condamnations internationales et de lourdes menaces de sanctions et d’intervention militaire proférées contre les putschistes pour les faire plier. Son arrivée à Niamey a néanmoins coïncidé avec une offre de conciliation amiable du président nigérian Bola Tinubu, en vain. Le choix de la Cédéao de brandir des menaces de sanctions et d’action militaire dès les heures suivant le coup n’a pas fait frémir les putschistes, bien au contraire.

 

Peu après le départ de la délégation de la Cédéao, les officiers putschistes ont dénoncé les accords militaires liant le Niger à la France, comme pour mettre en exergue la dimension géopolitique internationale d’une crise dont la résolution était confiée à des acteurs régionaux. Quasiment concomitamment, une lettre attribuée au président Bazoum était transmise aux Etats-Unis via le Washington Post pour une demande de rétablissement de l’ordre constitutionnel.

En l’espace de quelques heures, l’impensable - ou ce qui ressemblait à un jeu de poker menteur dans le but de mener les négociations en position de force - a pris progressivement corps : l’éventualité d’une guerre entre le Niger et une Cédéao - dont la France et les Etats-Unis ont déclaré soutenir toutes les décisions -, une guerre à laquelle ont par ailleurs promis de participer le Mali et le Burkina Faso, tous deux dirigés par des juntes militaires, en soutien du Niger.

Une guerre de plus au Sahel n’aura qu’un vainqueur : les jihadistes

Ce scénario est catastrophique, quand bien même on ne connaît pas exactement la nature de https://www.liberation.fr/international/afrique/putsch-au-niger-la-cedao-affirme-avoir-defini-les-contours-dune-eventuelle-intervention-militaire-20230805_5OOM5CLIANFP5DMDDGXXO62ZTE/&source=gmail&ust=1691344936577000&usg=AOvVaw2pqWGdfHDbQGG3xqcGKhX N">l’intervention planifiée (ciblée ou de plus grande envergure). Les guerres au Sahel ne sont pas conventionnelles ; elles affectent dramatiquement des populations aux existences déjà très vulnérables ; elles impliquent la mobilisation de myriades d’acteurs armés irréguliers (rebelles, milices, trafiquants) aux complexes connexions transfrontalières ; elles déclenchent des effets en cascade que nul ne peut prétendre maîtriser. Le risque pour le Niger n’est pas seulement d’être exposé à une intervention militaire extérieure mais aussi de sombrer dans la guerre civile compte tenu de la polarisation actuelle des camps politiques que ne ferait qu’enflammer l’intervention extérieure. Une guerre de plus au Sahel n’aura qu’un vainqueur : les mouvements jihadistes qui depuis des années construisent leur expansion territoriale sur la faillite des Etats.

 

Ce scénario est évitable, pour peu qu’on se départisse des postures martiales figées et prenne la peine de comprendre les raisons pour lesquelles les putschistes nigériens sont parvenus en quelques jours à rallier derrière eux non seulement des franges importantes de l’armée mais aussi de la société civile ou de certains syndicats.

Ce ralliement s’est produit alors même que les putschistes ont, dès leur premier discours, justifié leur prise du pouvoir par des raisons essentiellement propres au champ sécuritaire, sans exprimer de vision pour le Niger autrement que par mots-clés de convenance et privés de substance : sécurité, gouvernance, éducation, etc.

 

L’état de l’opinion au Niger ne saurait légitimer une prise de pouvoir par les armes

Forts des soutiens obtenus dans le pays, les putschistes semblent décidés à ne rien concéder. Les ralliements dont ils bénéficient sont le produit d’au moins trois facteurs combinés : un réflexe nationaliste épidermique face aux messages belliqueux émis depuis l’extérieur, une forte dose de propagande souverainiste antérieurement éprouvée aux Mali et Burkina voisins, mais aussi et surtout un soulagement de voir tomber un système de pouvoir affairiste caractéristique des mandatures successives depuis la Conférence nationale de 1991, accentué sous la présidence de Mahamadou Issoufou et non réformé suffisamment par son successeur Mohamed Bazoum. Cet état de l’opinion ne saurait légitimer une prise de pouvoir par les armes. Il engendre néanmoins une situation du fait accompli auquel il serait absurde et désastreux de répondre par la guerre, qui n’aura d’autres effets que de renforcer les soutiens populaires envers les putschistes et, partant, leur accaparement du pouvoir.

Ce dernier est par définition anticonstitutionnel mais il n’abat pas une démocratie exemplaire. Si une voie de sortie pacifique et véritablement transformatrice à cette crise existe, qu’il conviendrait d’exploiter, il faut la chercher du côté de la mise à plat de l’économie politique qui a creusé les clivages sociaux et les inégalités structurelles ces dernières années et nourri le mécontentement des jeunes urbains. Si les putschistes sont sincères dans leur volonté réformatrice, alors ils n’ont pas de raison de refuser ce chantier ambitieux et incertain. Ils doivent accepter de céder le pas à un dialogue inter-nigérien. Pour que ce chantier ait une chance de réussir et que cessent les logiques de gouvernance prédatrices et de captation pendulaire du pouvoir, la contribution de l’ensemble des forces politiques et sociales est requise. Face au Face au blocage actuel, une désescalade et une sortie de crise par le haut ont pour préalable un accord permettant https://www.liberation.fr/international/afrique/au-niger-le-president-mohamed-bazoum-retenu-par-des-militaires-20230726_IWPWMEWEB5EP5BN5WMOA27MK7M/&source=gmail&ust=1691344936577000&usg=AOvVaw1h_kk_HpOfFiuSASpqGzC r">la libération du président Bazoum accompagné d’un choix résolu des forces politiques nationales de s’ouvrir à des compromis dans un cadre institutionnel assainissant de futures joutes électorales.

 

Signataires :

Seidik Abba journaliste et écrivain nigérien

Elodie Apard chercheuse IRD

 

Niagale Bagayoko ASSN

Dougoukolo Ba Konaré chercheur affilié CARICT

 

Edoardo Baldaro Chercheur, ULB

Laurent Bigot consultant et ancien diplomate

 

Marc-André Boisvert chercheur Centre FrancoPaix

Bruno Charbonneau Directeur du Centre FrancoPaix

 

Amadou Idrissa Bokoye Environnement Canada

Florence Boyer chercheuse IRD

 

Anne Calvès Professeure, Université de Montréal

Abdou Khadir Cissé journaliste

Mamoudou Gazibo Professeur, Université de Montréal

Yvan Guichaoua enseignant-chercheur, Université de Kent

Boubacar Haidara chercheur, BICC

Alessio Iocchi chercheur, Università di Napoli l’Orientale

Issiaka Mandé Professeur, UQAM

Richard Marcoux Professeur, Université Laval

Charles Moumouni Professeur, Université Laval

Nathalie Prevost journaliste

Luca Raineri Cherhceur, Université Sant’Anna de Pise

Félicien Roquet géographe, AFD

Tatiana Smirnova chercheuse, CIDIS, Université de Sherbrooke

Francesco Strazzari Professeur, Université Sant’Anna de Pise

 
 

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